J'ai moi-même posé sur mon Trafic II un toit champignon. Un toit champignon permet de se tenir debout puisqu'il rehausse, en position ouverte, de 45 à 50 cm la hauteur du plafond sur environ 1 m². Pour un bricoleur averti il n'y a pas là de difficulté insurmontable. Par contre il m'a fallu plusieurs fois « interpréter » le mode d'emploi ou inventer quelques solutions à des problèmes non répertoriés. Le plus gros souci a été cependant l'agrément.
Le choix du toit
J'habite en Allemagne et il existe à ma connaissance seulement deux fournisseurs : Reimo et SCA. Aucun ne propose un toit champignon (Hubdach en allemand) dessiné pour le Trafic comme il en existe pour les Transporter, Ducato ou Transit. Il faut donc choisir un toit universel qu'il conviendra d'adapter au Trafic.
Chez SCA c'est le Universal Hubdach 64, avec les dimensions suivantes :
. découpe : 112 cm * 104 cm
. coque de toit : 157 cm * 127 cm
Prix (e-bay) : 990 € + 158 € de livraison = 1 148 €
Chez Reimo le toit adapté au Trafic s'appelle Hubdach Universal Ultraflach 2, 90° Mechanik.
Dimensions :
. découpe : 110 cm * 94 cm
. coque de toit : 192 cm * 118,5 cm
Prix TTC (août 2013) : 1 190 € livraison (en Allemagne) comprise.
Sauf en passant par e-bay, il ne m'a pas été possible de me procurer un toit SCA, la société ne vendant pas en direct et les revendeurs voulant effectuer la pose eux-mêmes. Je n'ai pas choisi la vente sur e-bay n'étant pas certain de la qualification du vendeur en cas de pépin.
J'ai donc choisi un toit universel Reimo et suis passé par un revendeur. Reimo est le plus connu et le plus important des fournisseurs de matériel pour caravanes et camping-car. Il existe deux toits universel : pour le Trafic il faut prendre le Universal Hubdach Ultraflach 2, 90° Mechanik qui est plus ou moins adapté à la courbure du toit du Trafic. Plutôt moins que plus d'ailleurs.
La composition du toit
Le colis pèse environ 40 kgs et se compose d'une coque en polyester qui va largement recouvrir l'ouverture à pratiquer, d'une toile type tente pour les côtés, de tasseaux pour renforcer le pourtour de la découpe, du mécanisme en ciseaux pour lever et baisser le toit, de joints, profilés et visserie. Et d'un mode d'emploi …. qui tient plus de la devinette que de la notice technique.
Il s'agit, comme pour une lucarne de toit ou une baie vitrée, de pratiquer une ouverture dans la tôle et d'y fixer un cadre qui supportera la coque polyester.
Traçage
Il faut donc commencer par bien dessiner cette ouverture, en la centrant sur le véhicule, mais aussi en faisant attention au fait qu'elle sera ceinturée à l'intérieur d'un cadre de bois (celui fourni par Reimo fait 40 mm de large). L'ouverture ne peut donc pas être au ras d'un renfort de toit, sous peine de ne pas pouvoir placer le cadre en bois.
Le toit a un sens : on ne peut pas le poser en travers du toit mais en longueur, c'est à dire que le mécanisme est posé de chaque côté.
On dessine un rectangle aux angles arrondis (rayon de 80 mm) ceci essentiellement afin de ne pas créer de zone de déchirure possible dans la tôle, suite à une contrainte mécanique.
Découpe de la tôle
Comme toujours le mieux est de mettre du ruban adhésif de peintre pour le traçage lui-même mais aussi pour protéger la peinture du toit des rayures possibles occasionnées par la semelle de la scie sauteuse. Il faut penser à étayer sous la découpe pour que la tôle ne plie pas ou ne se torde pas.
Inévitablement sur un Trafic, quelque soit le fournisseur, il va falloir découper un ou plusieurs renfort de toit. Dans mon cas il y en a deux. La scie sauteuse risque de ne pas suffire vu la hauteur à découper et il faut s'aider là de la disqueuse.
Très important : enlever soigneusement toute la limaille de fer provenant de la découpe, en protégeant le sol et les parties creuses, mais aussi en passant l'aspirateur partout après. Cette limaille rouille en quelques heures.
La découpe terminée, il peut être utile de rectifier à la lime les bords de l'entaille. Il est par contre essentiel de protéger le bord de la découpe par une peinture antirouille. Enfin un profilé fourni doit être posé. Sa fonction est essentiellement de protéger la toile de tente de toute déchirure.
Pose du cadre en bois
Reimo livre quatre morceaux de contreplaqué de 40 mm de large et de 25 mm d'épaisseur, ainsi que 4 angles qui constituent le cadre en bois qui devra être fixé sur le pourtour de la découpe à l'intérieur du véhicule. D'une part le mode d'emploi est incompréhensible ( je traduis : « poser les traverses et les montants DANS la découpe » !!!!), d'autre part on ne sait pas si on doit les poser à plat ou sur chant, les longueurs ne sont pas suffisantes pour une bonne stabilité et enfin les épaisseurs fournies sont loin d'être suffisantes.
Je m'explique :
. le cadre est censé assurer la rigidité de l'ensemble puisque nous avons dû couper 2 renforts, or les 4 morceaux en contreplaqué ne s'assemblent même pas entre eux et n'ont pas les longueurs suffisantes pour aller s'adosser au renfort suivant.
. le cadre doit surtout servir à fixer le double mécanisme qui supporte la coque. Il doit donc être ajusté à la courbure du toit du Trafic. Si les montants (les éléments en contreplaqué qui viennent en long dans le sens de la marche) n'ont pas besoin d'être retaillés ou rehaussés en épaisseur (encore que … on verra plus loin), il en va tout autrement des traverses (celles qui bordent la découpe en travers du Trafic) puisque le toit ayant une courbure importante, les 25 mm d 'épaisseur sont très loin d'être suffisant. Il faut donc remplir le vide avec du contreplaqué de même largeur. Le bois n'est pas fourni et il faut créer les pièces nécessaires.
J'ai donc réalisé un cadre dont les éléments sont assemblés à mi-bois et qui est plus épais là où c'est nécessaire pour soutenir la courbure du Trafic. Les montants sont nettement plus longs et peuvent ainsi être collés aux renforts de toit. Ce que je n'ai pas fait de suite mais que j'aurais dû faire, c'est calculer exactement quelle est la hauteur du cadre nécessaire par rapport à mon isolation de toit et à mon habillage de toit en CP de 5 mm. J'ai donc rajouté plus tard un deuxième cadre pour obtenir la hauteur requise.
Le cadre réalisé, il faut le positionner soigneusement pour qu'il borde le pourtour de la découpe de toit, le coller à la Sica et fixer les traverses avec les vis fournies (ce qui n'est pas forcément nécessaire). Les montants seront vissés lors de la pose du mécanisme. Les petits angles arrondis fournis sont aussi collés. On verra plus loin qu'ils ne suffisent pas.
Découpe de la coque
Comme dit plus haut, il s'agit d'un toit universel qu'il va falloir adapter à la courbure du toit du Trafic. C'est certainement le point le plus difficile à réaliser, d'une part parce qu'il conditionne l'étanchéité future du toit, mais aussi parce que le toit pèse bien 25 kilos et qu'il nécessite obligatoirement une assistance pour les manipulations assez nombreuses. Il est recommandé de protéger le toit du véhicule pour éviter les rayures causées par la pose-dépose du toit. Cependant la protection ne peut pas être épaisse (couverture par exemple) parce qu'il faut coller au plus près des formes du toit et Dieu sait si les concepteurs du Trafic aiment les belles courbures...
La coque est nettement plus grande que la découpe. A l'intérieur de la coque, il y a un cadre en bois de la taille de la découpe, sur lequel sont fixés les mécanismes et la toile de tente (qui est repliée et agrafée et qu'il vaut mieux laisser comme ça le plus longtemps possible pour ne pas s'encombrer inutilement de tentures pendantes).
On pose donc une première fois la coque sur le toit en centrant ce cadre sur l'ouverture pratiquée et en contrôlant qu'on est toujours bien parallèle aux bords. On dessine sur le toit le contour du tracé du toit pour pouvoir le reposer au même endroit.
La coque est en équilibre sur le toit du Trafic, puisque ses bords ne sont pas encore ajustés à la courbure du Trafic. On cale le toit polyester pour que la hauteur de l'espace entre toit et Trafic soit rigoureusement la même de chaque côté.
On procède au traçage sur les bords de la coque pour enlever assez de matière sur les côtés afin qu'elle repose parfaitement ajustée sur le Trafic. Les bords de la coque sont assez haut et on peut enlever jusqu'à environ 8 à 10 cm, mais attention quand le toit champignon sera fermé il faudra qu'il abrite encore le mécanisme replié. Il faut donc faire très attention à ne pas aller trop loin. Il vaut mieux progresser en plusieurs passes. C'est long, fastidieux, lourd à poser et déposer, mais c'est la seule manière d'être sûr d'arriver au résultat attendu : un toit étanche et le plus bas possible quand il est replié.
Il existe plusieurs méthodes pour le traçage, le sujet a été évoqué de nombreuses fois sur le site. Personnellement dans le cas présent j'ai opté pour la solution suivante : j'ai scotché un crayon de papier sur la tranche d'un petit morceau de contreplaqué de 3 mm, dont le bas est taillé en biseau. La hauteur entre la pointe du crayon et le bas du contreplaqué étant égale à la hauteur de matière que je voulais enlever. On promène ainsi l'outil toujours perpendiculaire au bord du toit polyester ET à la surface du toit du Trafic.
En procédant ainsi on obtient un tracé parfait. Trop parfait … (suspens !)
La découpe de la coque ne pose aucun problème avec une scie sauteuse, si ce n'est qu'il faut la descendre pour la découpe et la remonter pour les essayages.
Avant de poser le profilé d'étanchéité qui vient se loger sur le pourtour de notre découpe, il est utile de limer légèrement les bords de la découpe. Le profilé semblable aux joints de porte du Trafic se pose sans problème. Mais une fois le toit à nouveau posé en place, je me suis aperçu que ma belle découpe ne servait à rien puisque la courbure inhérente au profilé ne permettait pas de suivre parfaitement ma découpe. Résultat : il est clair que ça ne pourrait être étanche.
J'ai réalisé un autre essai en 'massacrant' ma découpe pour obtenir des formes plus rondes adaptées au profilé, mais ça n'a servi à rien.
J'ai donc imaginé de poser un soubassement sur le toit là où la coque reposerait. Je l'ai réalisé avec des couvercles de goulotte électrique en plastique. Il m'a fallu encore une fois redessiner les contours des circonvolutions du toit du Trafic. La découpe a été réalisée avec l'outil de ponçage cylindrique d'un Dremmel. Le tout est collé au Silicone. La coque a été une nouvelle fois recoupée pour s'ajuster à cette embase, le profilé reposé et l'étanchéité est parfaite. Quoi que ….
Après un été torride, des orages, du gel en hiver rien n'a bougé, l'étanchéité est totale. On voit d'ailleurs sur la dernière photo que la goulotte se comporte non seulement comme une semelle sur laquelle vient reposer la coque, mais aussi comme une digue pour l'entrée d'eau.
Loi de l'emm... maximum : le bord avant de la coque repose exactement sur l'antenne ! Il a donc fallu ôter l'antenne, enlever le pavillon de toit, repercer un trou, reposer l'antenne, boucher le trou initial, reposer le pavillon (j'en ai profité pour isoler le toit de la cabine) et faire un petit lit de silicone pour adoucir la courbe du support d'antenne. Y a des jours comme ça.
Pose du mécanisme
Le mode d'emploi oublie tout simplement d'en parler !!! De chaque côté de la coque, mais à l'intérieur sont fixés des ciseaux qui permettent de lever ou de baisser le toit champignon. Ces ciseaux ont une embase qui se visse sur le toit du Trafic dans les deux montants du cadre en bois. Les écrous sont recouverts d'un capuchon plastique. Là aussi, après avoir percé, il faut évacuer la limaille, mettre de l'antirouille, puis visser. Il n'y a pas de difficulté particulière.
Pose de la toile de tente
Cette toile représente les côtés du toit. Elle a trois ouvertures protégées par des moustiquaires. Elle est fixée d'origine au cadre de bois collé sur la coque. Le but est d'agrafer le bas de la toile au cadre en bois que nous avons posé. Pour cela il est impératif de faire en sorte que la coque levée au plus haut soit bien horizontale. On commence par agrafer les milieux des côtés puis les angles arrondis, en vérifiant que le tissu est bien répartis et qu'il ne fait pas de plis. Pas de difficulté particulière.
Pose d'un profilé sur le pourtour du cadre en bois
Pour des raisons essentiellement esthétiques, le pourtour du cadre en bois sur lequel est agrafée la toile de tente, est caché par un profilé en caoutchouc. On pose d'abord un profilé plastique fourni* qui ressemble à un couvercle de goulotte d'environ 4 cm de large. Il est utile de le chauffer pour que la courbure vienne bien épouser celle de nos petits angles arrondis. Le profilé est vissé dans le cadre. Ce profilé sert de base pour la pose d'un profilé caoutchouc qui vient enserrer le profilé plastique. Là aussi il est nécessaire de chauffer ce profilé assez élastique est souple pour cacher les différences de hauteur du toit.
[*Sur la photo j'ai mis un couvercle de goulotte qui y ressemble beaucoup, n'ayant plus de chute de profilé plastique blanc.]
Évidemment cette double opération ne peut se faire que lorsque le plafond du Trafic est terminé. C'est là que l'on s'aperçoit que les petits angles arrondis fournis ne suffisent pas. Ils ont une faible épaisseur alors que nous avons besoin de plusieurs centimètres de haut puisque
l'isolation + revêtement du plafond sont dans la plupart des cas supérieurs. Il faut donc faire d'autres petits angles arrondis qui sont collés sous les premiers et serviront de support au revêtement du plafond.
Pose des fermetures
Replié le toit est maintenu fermé par des sanglesqui passent par des anneaux fixés d'origine à la coque et par des pattes qu'il faut visser sur les côtés du cadre en bois à travers les profilés que l'on vient de poser. No problem.
Etanchéité de la toile de tente
Il faut poser un boudin de silicone entre la toile de tente et l'ouverture du toit pour l'étanchéité. Ce n'est pas le plus facile à réaliser proprement surtout que j'ai du le faire la veille de mon départ alors que la température n'était pas propice. Je crois après l'avoir fait que le mieux et de répartir le boudin de silicone un peu profondément entre la toile et le cadre puis de presser sur la toile depuis l'intérieur du véhicule (je l'ai fait avant de poser les profilés plastiques et caoutchouc). Le silicone fourni (Knauf) sent très très fortement pendant plusieurs jours !
Ouf c'est fini !
Ah non il y a l'homologation ! (dans quelques jours je vous raconte la suite).
