Un tabou : la solitude

[Barstow]

Voici une vidéo d'un van-lifeur (Johatsu) qui met les pieds dans le plat.
https://www.youtube.com/watch?v=xKA1PXUwKms : "A voyager trop léger, tu oublies certaines choses derrière toi"

Vivre en van, ce n'est pas seulement des rencontres éblouissantes en été sur la plage.

Or on n'en parle pas parce que ça la fout mal, mais c'est aussi une énorme dose de solitude.
Pour chaque heure voire minute d'échange justifiant une vidéo youtube enthousiasmante, il y a derrière des heures ou des jours à faire pas grand-chose avec personne.

Parce qu'un van, ça ne facilite pas la convivialité. Il est difficile d'inviter quelqu'un prendre un verre chez soi, dans nos quelques mètres-carrés. Parfois on va même devoir cacher le fait qu'on y vive, pour des raisons d'image sociale (employeur, amis...)
Pas simple de draguer une fille en étant SDF. Seul(e)s les moins de vingt ans s'enthousiasment encore pour une vie de bohème romantique. Passé cet âge, si t'as pas un certain standing à montrer, tu pars avec un handicap.

Dans ces temps de "distanciation sociale" imposée, c'est encore plus compliqué. Aller à la rencontre des autres avec un masque sur la gueule, c'est déjà pas simple. Comme en plus on n'a plus le droit de sortir de chez soi, qu'on ne peut même plus donner un rendez-vous dans un café ou organiser un restau, on a vite tendance à se renfermer sur soi en attendant des jours meilleurs. Mais pendant ce temps l'horloge tourne et on se dit un jour qu'on n'a vu quasiment personne depuis six mois.

Bon moi je m'en fous, j'ai passé l'âge de draguer, je suis un ours très mal léché (voire pas léché du tout), et je suis blindé côté vie en solitaire.
Au moment où j'écris ça, je suis sur un chouette spot en pleine cambrousse, près d'un étang, sous une pluie battante. C'est beau mais il n'y a personne, mais alors vraiment personne. Aujourd'hui sera encore un jour sans prononcer un mot avec quiconque, pas même le "Bonjour" minimaliste d'une caissière de supérette.

La van-life c'est la liberté (<10km), mais pas que.
Qu'en pensez-vous ?

[glutch2000]

C'est sur que tout seul en fourgon, faut prévoir le coté 'solitude'.
Et comme tu dis, ces temps-ci, pas facile de rencontrer grand monde...

[tifrac7]

vivre en fourgon par ces temps ci c'est un peu devenir un Hermite des temps moderne. la solitude permet de méditer sur! ou vas le monde la nature le but de la vie....

[ravely]

Et une fois que tu auras médité, ça n'aura rien changé parce que tout le monde s'en fout.

La solitude, c'est un peu comme le mal de dos, ça fait parti des maux de ce siècle.

[djodjo44]

Pour parler, il y a les animaux de compagnie.
Par exemple, si tu aimes la discrétion, tu prends un caniche. A la mouche qui pète le clebs se met à aboyer et toi tu lui gueules dessus pour le faire taire.
Si tu aimes que l'on t'obéisse, tu fais comme ma voisine, tu prends un chat, animal obéissant au doigt et à l'oeil.

[Romarin 06]

Bonjour,

Quelques mois avant mon départ en retraite, j'ai eu la possibilité de faire un stage "Préparation à la retraite" . Si, si ça existe.

Outre les aspects pratiques style perte de revenus, gestion du patrimoine, etc, il y avait une large partie concernant les aspects relations sociales, gestion du temps, etc...

L'intervenant (psychologue, lui-même retraité ayant choisi de re travailler) qui nous a présenté toute cette partie a beaucoup insisté sur la réduction des interactions sociales (plus de travail/moins de contacts, moins de déplacements, etc) et la gestion de la solitude ou la relation qu'on peut avoir avec soi-même dès lors qu'on ne voit/rencontre plus personne, ou pas grand monde.
Alors, entre autres recommandations, pour ne pas souffrir de solitude, voire d'enfermer dans sa solitude, il faut "dire bonjour" à, rencontrer, au minimum cinq personnes différentes chaque jour ; la boulangère, le patron du troquet, etc (ça ne compte pas si tu dis bonjour 5 fois par jour à ta femme ). Bien évidemment, cette "règle" est une généralité adaptable selon les individus...

Je suis moi-même un solitaire, je n'ai pas le contact facile avec les autres et je peux ne rencontrer personne pendant plusieurs jours sans que je sente le poids de la solitude.
Maintenant, je ne vis pas en camion et mes périodes de solitude sont choisies, si je veux voir quelqu'un d'autre que mon épouse (à ce sujet, les divorces sont plus nombreux en proportion chez les -nouveaux- retraités que dans la population active) je vais au village...
Sinon, oui la solitude peut être/est très éprouvante pour beaucoup surtout si cette solitude n'est pas choisie.

Qu'en pensez-vous ?

Dès lors que tu te poses la question de ta solitude, qu'elle te pèse sans moyen de la réduire/supprimer, à mon avis, il faut changer de façon de vivre pour retrouver le contact des autres.
Facile à dire ! Quant à faire ???

[Meta]

Je vis de manière beaucoup plus ouverte que ça dans mon fourgon.
Au final je passe mes soirées à causer avec des gens en vocal comme je le faisais dans mon studio, je me retrouve à sortir voir du monde pour bricoler un peu, mais oui il y a des moments de solitude.

Après, c'est vrai que j'ai un taf stable, je cache pas que je suis en fourgon, et je suis un peu du genre "qui m'aime me suive, tant pis pour les autres". Donc au final, ça me pose aucun soucis de dire que je vis en fourgon.

J'irais plutôt à dire que cet isolement est le même que quelqu'un vivant dans un appart avec la même situation professionnelle. Là la différence c'est qu'on a des vues qu'on choisit, la proximité avec certains services qu'on choisit aussi.

Du coup au final, je le vis plutot bien, et surement bien moins fermé que beaucoup de gens vivant en appart. Je le vois bien dans mon entourage, certains sont trop cloitrés chez eux sur eux-mêmes, pourtant ben quand tu regarde d'un point de vue sociétal, ça donne déjà beaucoup plus envie normalement.

[Fabinouz]

Salut,

Ce mode de vie efface un peu les interactions sociales conformistes. Dire bonjour à son voisin, parler avec ses collègues, mais tout ça ce n'est pas avoir "une vie social". Ce sont des interactions de circonstance, pas des interactions choisies et voulu.


Quelqu'un de social l'est toujours et est capable de socialiser, nomade ou non.


Quelqu'un qui socialise difficilement doit faire l'effort et se donner les moyens de rencontrer des gens (lieu, évènement, etc. ...).
edit je viens de voir les messages précédent, et comme dit Romarin avec le conseil de dire bonjour à 5 personnes par jour, c'est à ce genre de chose que je pense, s'imposer des choses à faire pour ne pas s'enfermer dans sa routine solitaire.

Le meilleur moyen d'intéresser les gens, c'est d'être intéressant. C'est ce qui fait la différence entre une interaction qui dure 10sec et une qui dure 2h. C'est pour ça qu'expérimenter des choses, s'intéresser à des choses, se cultiver etc ... est aussi important.


Je pense que la solitude tu vies déjà avec avant d'être nomade.


Le fait de devenir nomade pousse vers la pente naturel de la solitude (quand on est solitaire) contre laquelle il faut résister si cette solitude est subit.


edit : un autre témoignage sur la solitude en van (à 15:27) :
https://youtu.be/ZqxQG4kumR4?t=927

[jonie]

Bonjour,

Je rejoins l'idée que subir sa solitude n'est pas lié à ton mode de vie. Il y a beaucoup plus de personnes qui se sentent seules dans les villes que dans les campagnes. La solitude fait partie de la condition humaine. Tu nais, tu vis et tu meurs, seul avec toi-même. C'est la base de la recette
Qu'est-ce que tu fais de ta solitude, comment tu l'appréhendes, la ressens, la vis... c'est un sujet intime, directement lié à ton histoire personnelle. Fabinouz, d'expérience je dirais que ce n'est pas la solitude qui pèse mais certaines émotions liées à ta solitude. Tant que tu trouves de quoi compenser ton mal-être par quelque chose qui te fait du bien, bah tout va bien ! Mais quand tu ne peux plus compenser, c'est là que ça fait mal. C'est valable pour toutes les émotions que tu n'arrives pas à laisser vivre en toi-même.

Théoriser sur ce sujet, c'est bien mais ça met tout le monde dans des boîtes génériques, alors que chacun a besoin de se fabriquer sa propre boîte dans laquelle il se sent bien, indépendamment des autres, uniquement dans sa relation à soi. On a besoin d'interaction sociale parce qu'on vit en société. Est-ce indispensable dans la relation à soi ? Absolument pas, au contraire.

A chacun de trouver sa propre recette, de creuser sa propre histoire personnelle (ou pas). Chercher et confronter ce qui a merdé dans ta vie et comprendre en quoi ça te parasite au quotidien ou dans certaines situations, ça c'est un sacré tabou pour certains.

[Fabinouz]

Je partage ton avis.

[Barstow]

Ah mais je n'ai pas écrit ceci pour me faire plaindre, ça va bien pour moi merci.

Juste aborder dans cette rubrique "Je vis dans mon fourgon" un aspect des choses qui n'apparait jamais dans les discussions techniques. Il y a des pages et des pages sur l'épaisseur de l'isolation ou l'art de brancher le fil rouge sur la prise rouge.
Mais peu sur la vie au quotidien en van et ses conséquences indirectes ou apparaissant plus tard.
Dont la solitude d'une part et la gestion de l'image que l'on veut donner vis-à-vis des autres, d'autre part.

Or tout le monde n'est pas un "sociable" spontanément capable de faire rire une assistance. Beaucoup éprouvent quelques difficultés.
Le contexte actuel plus la vie en van ne facilitent pas les choses.

C'est bon à savoir et anticiper pour ceux qui souhaitent se lancer dans cette malgré tout belle aventure.

[alain48]

Salut,

Ce mode de vie efface un peu les interactions sociales conformistes. Dire bonjour à son voisin, parler avec ses collègues, mais tout ça ce n'est pas avoir "une vie social". Ce sont des interactions de circonstance, pas des interactions choisies et voulu.

Oui, mais d'un autre coté cela oblige aussi à s'ouvrir aux autres. Choisir son cercle c'est très bien, mais on a vite tendance à s'enfermer et a faire moins d'efforts.

[jonie]

@Barstow : je pense qu'on avait tous compris que tu vas bien mais comme c'est un sujet intime difficile d'en parler sans s'y identifier...

Je pense aussi que la solitude liée à la vie en fourgon est quelque part recherchée, que ce soit sciemment ou pas, assumé ou pas. Dans le contexte sanitaire actuel, c'est clair que ça augmente les temps où tu te retrouves seul et favorise l'introspection. Même si t'en as pas envie et que tu fais tout pour l'éviter. La personne qui a l'habitude de se regarder en face va mieux le gérer que celle qui a l'habitude de fuir cette confrontation.

Je continue de penser que les difficultés rencontrer dans la solitude c'est vraiment du cas par cas, et pas une caractéristique de la vie en fourgon. Pour certains ce sera plus aidant d'être en fourgon, en pleine nature, avec personne à proximité, pour d'autres ce sera plus aidant d'être en ville et entourés. J'ai beaucoup voyagé le sac sur le dos, sans programmer quoi que ce soit, aucune réservation d'hébergement, de transport, de visites etc... juste connecté en haut débit avec le moment présent et forcément avec ce que j'ai en moi, sans chercher à me conditionner par avance pour une activité, une rencontre, une culture etc... Je n'ai pas encore expérimenté la vie en fourgon, et j'ai une certaine excitation à retrouver ces sensations-là de vraie connexion à soi, que je pense pouvoir retrouver facilement grâce au fourgon aménagé. Tout comme j'adore les gens et le temps passé avec famille, amis, parfaits inconnus... et je pense que le fourgon aménagé va aussi m'aider dans ce domaine-là.

En fait la solitude c'est un vaste sujet... on peut l'aborder avec un aspect négatif comme positif. L'aisance sociale, est-ce que ça aide à se sentir moins seul ou est-ce que ça cache une personne en souffrance qui est douée pour les faux-semblants ?

[vanden]

A vous lire, je me fais la réflexion qu'il y a plusieurs façon de vivre dans son fourgon.

Personnellement j'ai vécu un moment dans un petit CC (je ne sais plus, peut être un an), mais j'avais une vie sociale, je bossais, mon CC était juste mon chez moi.
Pas grand monde le savait sans que je ne m'en cache pour autant.
Le week-end, les vacances, je tournais la clé de contact et mon chez moi devenait la route, seul (quoique, c'est comme ça que j'ai rencontré ma femme )
J'ai par la suite loué un studio en ville : c'est tout pareil
Et comme j'avais gardé mon CC, franchement ma vie n'était pas différente : assez sédentaire au final !
Pas très solitaire.

Mais vivre sur la route, en nomade, sans connexion sociale journalière, sans port d'attache, ça c'est autre chose.
Là, me connaissant, je pense que la solitude m'aurait sûrement pesée.

[NorwayDream]

Et une fois que tu auras médité, ça n'aura rien changé parce que tout le monde s'en fout.

La solitude, c'est un peu comme le mal de dos, ça fait parti des maux de ce siècle.

Coucou

Nous sommes surtout dans une société malade et naïve (y a rien de mal là dedans, nous sommes éduqué dans la naïveté et c'est voulu!!lol)

La solitude = "'maux du siècle" car le plus gros fléau de la société c'est le manque d'amour de soi. Mais si tu ne t'aimes pas, tu ne peux pas aimer correctement les autres ou alors tu le feras en dépits de toi même (on le voit chez les personnes qui aident toujours tous le monde et vivent qu'à travers les autres, en zappant complètement leurs propres besoins, propres envies....).

Ce manque d'amour de soi, provient d'une blessure émotionnelle d'abandon
En gros ça veut dire qu'on a un manque affectif issue d'un traumatisme, et qu'on cherche, inconsciemment à combler ce manque affectif avec quelqu'un ou quelque chose extérieur (personnes, sexx, bouffe....il existe plusieurs substituts possible)

D'où le fait que la solitude est pour énormément de personne un problème !
Alors qu'en réalité, il n'y a que soi qui peut combler ce manque affectif en apprenant à s'aimer et si besoin, s'aider d'une thérapie alternative pour guérir cette blessure d'abandon.

Bref rien de normal à vivre mal la solitude, juste le fruit d'un traumatisme non guérit.